Il était une fois...
In three words I can sum up everything I've learned about life: it goes on. Voir le sujet précédent
Des bruits de talons irréguliers se faisaient entendre dans les rues de Paris et ces bruits de talons c'était moi, Camille Dubois, qui était entrain de les produire. J'avançais d'une démarche peu assurée sur mes hauts talons, légèrement décoiffée, les yeux tout justes entrouverts. Je m'étais déjà tordue la cheville une bonne dizaine de fois sur le chemin du retour, mais ça m'était égal. Cette douleur n'était rien comparée à celle que je pouvais ressentir au niveau de mon crâne. Une soirée beaucoup trop arrosée qui s'était terminée chez un mec dont je ne me rappelais même pas le prénom et je me retrouvais aujourd'hui à devoir subir la marche de la honte. Ce fameux retour à la maison alors qu'on est encore complètement soûl de la veille et qu'on ne se souvient que du trois quart de la soirée. J'avais honte, ça c'était certain. Pour le moment heureusement je n'avais croisé que très peu de personne et la rue qui menait jusque chez moi approchait. En tournant le coin de la rue, je remarquais qu'aucun de mes voisins n'étaient encore dehors. Tant mieux, ça m'éviterait quelques remarques désagréables et surtout qu'ils en informent mes parents... Eux qui sont si stricts, ils ne supporteraient pas de savoir que leur fille est rentrée au petit matin encore ivre. En arrivant chez moi je me dépêchais donc de monter me coucher, en priant pour que mes parents n'aient absolument rien entendu. Je me jetais sous mon duvet et fermais les yeux en me jurant que plus jamais je ne ferais autant la fête. C'était ce que j'avais dit lors de la dernière soirée, mais au final à ce niveau-là je n'avais aucun caractère. J'avais seize ans et j'étais sans aucun doute une des plus grandes fêtardes de mon école. J'étais prête à m'endormir lorsque j'entendis la porte de ma chambre s'ouvrir Je laissais échapper un grognement de mécontentement et me redressais pour voir qui osait me déranger aujourd'hui. C'était ma grande soeur, Caroline. Un mince sourire s'étira sur mon visage et je lui dis.
« Salut toi. » J’avais ma fameuse petite voix des grands jours et je savais que Caroline allait me trahir directement.
« Ouh lala à entendre ta voix ta soirée s’est terminée bien plus tard que la mienne, je me trompe ? » Je poussais un soupir et me redressais tant bien que mal dans mon lit. A ce niveau-là, elle me connaissait par cœur. En même temps je pense que pour beaucoup de points on se ressemble toutes les deux. Elle est sans aucun doute la personne la plus importante à mes yeux et aussi celle à qui je ne peux rien cacher. Pas même une gueule de bois.
« Oh si tu savais, je ne me souviens même pas du trois quarts de ma soirée ! » Je n’avais que quelques flashs de cette soirée qui était sans aucun doute géniale. Je savais que je m'étais éclatée comme une folle avec mes amis, mais qu'est-ce qu'il s'était passé exactement, ça je n’en avais pas le moindre souvenir.
« J'espère que papa et maman n'ont rien entendu. T'as dormi où ? » J’ouvris de grands yeux et écrasais ma main contre mon front. La soirée me revenait petit à petit en tête.
« Oh j'ai dormi chez un mec. Je ne sais pas qui c'était. » Je sursautais à nouveau alors que ma soeur poussait un petit cri suite à mon commentaire.
« Dormi chez un mec ?! Tu rigoles ? » Je laissais échapper un soupir. C’était une catastrophe. Je ne savais même plus qui était ce mec, son âge, rien du tout.
« Non, non je crois bien que c’est ce qu’il s’est passé. »La conversation entre ma soeur et moi s'était rapidement terminée. Du bruit dans la chambre de nos parents nous indiquait qu'ils étaient réveillés et Caroline s'était empressée de retourner dans sa chambre. Ce n'est que plus tard que je retournais dans la chambre de ma soeur pour continuer notre petite conversation.
« Bon alors, on en était où ? » Je pris place sur le lit de ma soeur à côté d'elle. Cette soirée avait été particulière et j'étais persuadée d'avoir fait une connerie. Ma soeur afficha un petit sourire en coin avant de me répondre.
« Tu me parlais du mec chez qui t'as dormi. Tu sais qui c'était au moins ? » Si je savais qui c’était ? Bien sûr que non. Je ne savais même pas son prénom, peut-être me l’avait-il dit, mais je ne m’en souvenais absolument pas. J'affichais une petite grimace avant de lui répondre.
« Aucune idée et je m’en fiche complètement. » Ma soeur poussa un soupir avant de me répondre.
« Tu t’en fiches, sauf que si ça se trouve ce mec a 10 ans de plus que toi et qu’il est marié. » Je me redressais immédiatement sur le lit et regardais ma soeur avec de gros yeux. Marié ? Et si elle avait raison ? Je risquais d'avoir sa femme qui va débarquer ici. Qu'est-ce que je serais censée lui dire ? Et mes parents...
« Non, tu racontes n’importe quoi Caroline, ce mec n'était certainement pas marié, il me l'aurait dit sinon. » J'essayais de me rassurer alors que ma soeur semblait s'amuser de cette situation.
« Camille… Tu crois vraiment que ce type t'aurais dit qu'il était marié s'il voyait qu'il avait la possibilité de finir la soirée avec toi. Je suis sûre qu'il l'était tiens ! » En y réfléchissant, je me souvenais que ce mec faisait beaucoup plus vieux que moi, mais j’étais totalement ivre et je n’avais donc pas vraiment pris le temps de réfléchir à la situation. Tout ce qui m’importait était de pouvoir tirer mon coup et voilà.
« Arrête... Ce n'est pas possible. » Caroline haussa les épaules et afficha un petit sourire en coin.
« C'est ton problème ma belle... » Ma soeur pouvait vraiment être exaspérante quand elle s'y mettait. Je voyais bien qu'elle prenait un malin plaisir à me faire flipper avec cette histoire.
« Oui exactement c'est mon problème. Mais t'as quand même réussi à me faire douter de tout ça. » Ma soeur continuait de me regarder droit dans les yeux et puis elle finit par éclater de rire.
« J’adore le lendemain de tes cuites, c’est toujours tellement facile de te faire flipper. Ca t'apprendre à ne pas te rappeler de tes soirées. » Je détestais ma soeur. Mais en même temps elle était tellement génial. Je laissais échapper un petit rire.
« Mouais, t'as raison. Mais tu sais bien qu'au final ça ne va rien changer et je resterais toujours une grande fêtarde. » Ma soeur hocha la tête de haut en bas et me fit une petite tape sur l'épaule.
« T'as bien raison soeurette, faut profiter quand on est jeune. » Elle me fit un clin d’œil et on finit par éclater de rire toutes les deux. J’adorais ma soeur, même si elle m'embêtait toujours. Mais en même temps elle avait eu raison de profiter de la situation.
Assise sur une chaise, je fixais la porte d’entrée de ce bar avec impatience. Mon premier rendez-vous avec Thomas était sur le point de commencer et je stressais comme jamais. J’avais 17 ans et j’allais avoir un rendez-vous avec ce mec qui m’obsède depuis tellement de temps. Thomas était un charmant jeune homme du lycée, un peu plus âgé que moi et super canon. Le genre de mec qui fait craquer toutes les filles. Mais en l’occurrence c’était moi qui l’intéressais et je comptais bien tout faire pour que ce premier rendez-vous se passe parfaitement bien. La porte finit par s’ouvrir et il entra, son magnifique sourire accroché sur les lèvres. Il ne tarda pas à me remarquer et à avancer jusqu’à ma hauteur.
« Salut toi ! » Son sourire était à tomber. Il s’approcha de moi et déposa un baiser sur ma joue avant de s’asseoir sur la chaise en face de moi. Je sentis mes joues rougir et je perdis pendant quelques secondes mes moyens. Décidément ce mec arrivait à me déstabiliser d’une manière plutôt effrayante.
« Comment tu vas ? » Thomas ne cessait de me regarder droit dans les yeux, ce qui ne m’aidait certainement pas à me détendre. Je jouais avec mon bracelet autour de mon poignet. Il posa alors doucement sa main sur la mienne pour me faire arrêter. Un mince sourire s’étira sur mon visage alors qu’il me disait :
« Moi ça va très bien, mais tu me sembles un peu stressée. Ca ne sert à rien, ce n’est que moi. » Ce n’est que lui. Mais il ne se rend pas compte de ce qu’il représente à mes yeux. La perfection, alors que de mon côté je suis remplie de défaut. Il va finir par se lasser d’une fille comme moi et de mes défauts. Mais je me forçais à sourire alors que la serveuse venait prendre notre commande. Un petit moment de répit. Il retira sa main et je me dépêchais de les cacher sous la table pour continuer à jouer avec mon bracelet, ce premier rendez-vous était vraiment une catastrophe.
« Si ça peut te rassurer, moi aussi ce rendez-vous me stressait ! » Etonnée, je fronçais les sourcils. Pour moi il me paraissait plutôt impossible que ce mec soit stressé par un rendez-vous comme ça. Il avait tout pour lui, aucune raison de stresser.
« Ah oui ? » Thomas laissa échapper un petit rire nerveux et approcha un peu son visage de moi pour murmurer.
« Tu ne te rends pas compte la pression que c’est d’avoir un rendez-vous avec Madame Dubois en personne. » Ce fut à mon tour de laisser échapper un petit rire. Il disait ça pour me détendre, tout simplement. Je ne voyais vraiment pas en quoi ça pouvait être stressant d’avoir un rendez-vous avec moi quand on est comme lui.
« Arrêtes de dire n’importe quoi. Je suis la fille la plus simple du monde. » Il fit mine de réfléchir quelques secondes et puis son sourire revint.
« La plus simple, mais surtout la plus jolie. T’es un peu une femme fatale difficile à atteindre. Je peux te l’assurer. » Il était certain que je n’étais pas non plus le genre de filles qu’on peut avoir facilement. A moins que je n’aie décidé de te mettre dans mon lit juste pour un soir, mais pour ce qui est des relations sérieuses, tout devient nettement plus compliqué.
« Mais quand on est aussi mignon que toi on devrait savoir qu’aucune fille ne peut rien te refuser. » Au final le rendez-vous se passa parfaitement bien. Nettement mieux que je ne l’avais imaginé en tout cas et très vite je remarquais que Thomas n’était pas seulement mignon, mais il était également le mec le plus attentionné du monde.
« Tu te rends compte que ça fait déjà deux ans qu’on est ensemble tous les deux ? » J’étais tranquillement installée dans ce parc, appuyée contre un arbre et je lisais un livre avec Thomas à mes côtés qui s’endormaient petit à petit. Mais à présent il semblait d’humeur à papoter avec moi. Je posais mon bouquin et tournais mon regard vers lui, le sourire aux lèvres.
« Et oui déjà deux ans, ça file. Moi qui pensais que tu ne t’intéresserais jamais à une fille comme moi. » Il est vrai qu’au départ je ne pensais vraiment pas que tout ceci allait donner quelque chose. Pour moi il me paraissait évident que Thomas était beaucoup trop bien pour moi et lui pensait exactement le contraire. C’était ce qu’il m’avait dit en tout cas. Et pourtant nous avions finis par nous mettre ensemble et nous filions le parfait petit amour. Bien sûr il y avait des hauts et des bas comme dans toute relation, mais au final il restait quand même nettement plus de bons moments que de mauvais.
« Tu veux plutôt dire l’inverse, non ? Camille, tu te rends compte de la femme que tu es ? Tu as un caractère assez incroyable. Tu es loin d’être une idiote et surtout tu ne te laisses pas marcher dessus et puis, t’es carrément sexy. » Je sentis mes joues rougir face à tous ces compliments. Il était adorable bien évidemment, mais je ne pensais pas avoir réellement toutes ces qualités.
« Et en plus tu continues de rougir à mes remarques, même après deux ans. » Je m’approchais de lui pour me blottir dans ses bras tout en souriant bêtement. Ce mec était vraiment trop adorable.
« Bah oui, tu fais tout le temps des compliments qui me font rougir, je n’y peux rien. Mais bon après je pense qu’on s’est plutôt bien trouvé effectivement. » Pour moi Thomas était clairement l’homme avec qui je pourrais faire ma vie. Il est franchement canon, intelligent, attentionné, romantique, amusant. Bref, tout ce dont les filles rêvent. J’arrivais très facilement à imaginer mon avenir avec lui. Mais pour le moment nous étions encore jeunes, nous avions le temps de voir venir les choses. Peut-être que l’avenir finirait par nous séparer, je n’en savais rien. Mais en même temps j’étais persuadée que nous avions de quoi faire un avenir tous les deux.
« Oui on s’est très bien trouvé et je compte bien te garder à présent ça c’est sûr. » Je me redressais légèrement afin de pouvoir l’embrasser sur ses lèvres. J’étais aux anges, je n’avais vraiment pas de quoi me plaindre. J’étais même peut-être une des plus chanceuses, beaucoup de filles rêveraient de trouver un prince charmant comme lui. J’avais cette chance-là et tout comme lui je comptais bien le garder maintenant qu’il est à moi.
« Oh ne t’en fais pas, je ne compte pas partir bien là de toute façon. » Je lui fis un petit clin d’œil et un immense sourire avant de reprendre mon livre et de recommencer ma lecture. C’était une magnifique journée et j’étais sur mon petit nuage. Je me sentais aimée, vraiment aimée. Thomas avait vraiment le cœur sur la main et Caroline me l’avait dit à plusieurs reprises : ce mec est une perle rare. Parfois lorsque je lui racontais les conversations que j’avais avec lui, elle ne pouvait s’empêcher d’être jalouse. Elle aussi aimerait avoir un petit ami comme Thomas, ça ne fait aucun doute. En tout cas j’espérais pouvoir encore profiter longtemps, très longtemps. Aussi longtemps que ce sera possible.
Nous avions rendez-vous pour nos quatre ans. Et oui déjà. C’est fou ce que le temps peut passer vite. J’arrivais devant chez lui, vêtue d’une de mes plus belles robes, mes cheveux ondulés tombaient en cascade dans mon dos et mes chaussures à talons noires claquaient sur le sol. Cette soirée s’annonçait plus que parfaite. Je sonnais à sa porte, curieuse de voir où il allait m’emmener après. Il m’avait simplement donné ce rendez-vous, pour le reste je n’en avais pas la moindre idée. J’avais 21 ans et j’étais totalement épanouie. La porte finit par s’ouvrir et Thomas me regardait avec un air grave.
« Salut Thomas, ça ne va pas ? » Je m’approchais de lui pour l’embrasser sur ses lèvres, comme nous le faisons à chaque fois, mais mon baiser vint s’écraser contre sa joue, il avait détourné la tête. Je m’éloignais rapidement, les sourcils froncés, totalement perdue. Qu’est-ce qu’il se passait ?
« Entres. » Il n’ajouta rien de plus. J’entrais chez lui et il m’emmena au salon où on prit place tous les deux sur le canapé. L’heure semblait grave, mais je ne savais absolument pas pourquoi.
« Thomas, tu me fais peur. Il se passe quoi ? » Il se passa une main dans les cheveux, geste qui montrait son malaise. Cette situation commençait sérieusement à m’effrayer et puis Thomas tourna enfin son regard vers moi.
« Il faut qu’on arrête Camille. » Je continuais de le regarder droit dans les yeux et je m’attendais à ce qu’il éclate de rire, me dise que ce n’est qu’une blague et qu’on passe cette magnifique soirée tous les deux. Mais il gardait son air sérieux qui m’inquiétait de plus en plus.
« Comment ça il faut qu’on arrête ? » Thomas respira un bon coup et se leva du canapé. Il était stressé, je le sentais parfaitement. Et de mon côté je ne comprenais pas.
« Nous deux, c’est fini Camille, je ne peux plus. » Les larmes commençaient à monter à mes yeux alors qu’il ne me regardait même plus. Comment ça il ne pouvait plus ? Lui qui disait vouloir me garder pour toujours. J’avais l’impression que tout allait parfaitement bien, mais de toute évidence je me trompais.
« Mais… Thomas. Comment… ? Je ne comprends pas. » J’essayais de capter son regard, mais il me fuyait et je sentais que petit à petit j’étais entrain de le perdre. Bon sang mais qu’est-ce qu’il s’était passé ?
« Je… Il y a une autre fille dans ma vie. Et je l’aime. » Un sacré coup de couteau un plein cœur. Je me levais à mon tour du canapé, cette fois-ci ce n’était plus la tristesse mais la rage.
« J’espère que tu plaisantes Thomas ?! Une autre fille ?! Et ça fait combien de temps que tu la connais pour déjà dire que tu l’aimes ? » Je redoutais cette réponse. S’il l’aimait il devait forcément la connaître depuis un petit moment.
« Ca fait un an. » Il baissa le regard et ajouta avant que je n’aie pu dire quoi que ce soit.
« Je suis désolé… » Je croisais les bras sur ma poitrine, les larmes continuaient à couler mais je n’y prêtais même plus attention.
« Oh, tu es désolé ?! C’est clair que du coup ça pardonne tout. Tu sais quoi Thomas ? Vas te faire foutre. Vis ta vie avec cette salope et surtout, fous moi la paix. » Je sortis de chez lui en claquant la porte, je n’avais pas envie d’en entendre plus, c’était déjà trop. Il m’avait brisé le cœur, c’était déjà suffisant.