Le contraire de l’amour n’est pas la haine ; c’est l’indifférence...

Son cœur s'emballait, ses mains devenaient moites, la trajet avait été interminable et autant vous dire qu'il avait eu le temps de s'imaginer un million de fois la scène qui allait dés à présent de jouer sous ses yeux et dont il en serait l'acteur principal. Eléna n'avait pu se déplacer, préférant se rendre à l'hôpital rejoindre sa tante. Chose qu'il pouvait parfaitement comprendre, la famille comptait plus que tout, et ça, il le savait mieux que personne. Mais à cet instant, Dieu seul sait qu'il détestait Eléna, non pas pour avoir préféré rejoindre l'hôpital mais plutôt pour lui avoir fait les yeux doux pour qu'il aille à l'aéroport récupérer celle qu'il n'avait pas revu depuis maintenant prêt de 3ans.
Son ventre se nouait, sa respiration s'accélérait, sa gorge se resserrait, une impression de chaleur étouffante commençait à prendre possession de son corps alors qu'il arrivait dans le hall des arrivées au départ de New-York. Dans sa tête, un million de questions venaient à se poser, comment allait-il lui bonjour ? Allaient-ils rire de la situation ou au contraire se regarder comme 2 véritables inconnus ? Savait-elle d'ailleurs qu'il devait venir la chercher ? Eléna avait-elle prit la peine de la prévenir ? Quelle serait la surprise lorsqu'ils allaient se revoir. Les portes s'ouvraient, un amas de voyageurs sortirent tous en même temps. Il ne pouvait désormais plus reculer, le temps était venu, après 3 longues années sans bien même se redonner une seule nouvelle, qu'était-elle devenue ? Avait-elle changé ? Était-elle mariée ? Mère ? Était-elle toujours blonde ou avait-elle préféré le brun ou le roux ? Son torse le démangeait, comme une crise d'allergie, sauf qu'il s'agissait plus d'une crise d'angoisse.

Les secondes défilèrent comme de très longues minutes, ses yeux cherchaient machinalement une jeune femme blonde, à cet instant, le souvenir de son enfance lui revint en tête, lorsqu'il la vit la première fois, elle venait d'emménager, il resta quant à lui complètement paralysé lorsqu'elle lui avait fait un signe de la main. Il l'avait même renommé « Boucle d'or » jusqu'à ce qu'elle vienne se présenter elle-même et annonce qu'elle se prénommait Lucie.
Andréa prit une profonde inspiration avant de détourner son regard en direction de cette jeune blondinette, ses boucles tombantes sur ses épaules alors qu'elle peinait à prendre sa valise. Il ne lui fallut qu'un dixième de seconde avant de la reconnaître. Elle qui n'avait finalement pas changer. L'avait-elle vu ? Apparemment non puisque ses yeux semblaient chercher quelqu'un, quelqu'un qui n'était apparemment pas lui. * Merci Eléna ! * Pensa-il, elle n'avait donc pas prit la peine de prévenir sa cousine qu'elle ne viendrait pas la chercher mais que ça serait son petit ami. Le temps était maintenant venu, il s'approcha, très incertain de la façon dont il allait lui parler. Un simple bonjour ? Un salut, comment vas-tu ? Tellement de questions tambourinaient dans sa tête qu'il était incapable, lui-même de savoir ce qu'il devait faire. « Lucie ? » Dit-il presque dans un murmure qui lui écorcha la gorge. Ce prénom, cela faisait tellement longtemps qu'il ne l'avait pas prononcé. 3 ans, 3 longues années sans avoir même prit la peine de lui envoyer ne serait-ce qu'un simple mail pour lui expliquer les raisons de son départ. Il lui en voulait terriblement, mais d'un autre côté, il la comprenait. « Eléna s'excuse de ne pas être venue, elle est à l'hôpital, avec ta mère. » De manière assez protocolaire, Andréa n'avait pas encore prit la peine de poser son regard sur elle, dans ses yeux. À vrai dire, il cherchait tout autour de lui, balayant l'arrière plan du regard. « Tu veux que je t'aide à porter ta valise ? » Son regard plongea pour la première fois dans celui de son interlocutrice, celle qui fut par le passé sa meilleure amie. Sa main tendant jusqu'à la poignée de sa valise qu'elle tenait fermement. Le plus dur, la première approche semblait être passée, comment allait-elle réagir alors qu'un silence commençait à s'installer entre les deux. 3 ans, 3 longues années qu'ils ne s'étaient pas revues et elle, elle n'avait pas changé d'un pouce...

 

Le contraire de l’amour n’est pas la haine ; c’est l’indifférence...

C'était donc ainsi que leurs retrouvailles devait se faire ? Il devait simplement aller la chercher à l'aéroport et l'emmener à l'hôpital ? Chez elle ? Lequel d'ailleurs ? L'appartement dans lequel elle avait vécu avec Eléna, appartement qu'il partageait aujourd'hui avec sa cousine ? Bien qu'il ait quand même prit soin de conserver le sien, depuis plus de trois ans qu'il partageait sa vie avec Eléna, il n'avait pas encore prit la décision de s'installer avec elle, du moins, pas officiellement. « S'il te plait, oui. » Douce mélodie, qui l'extirpa de ses pensées, de ses souvenirs. Son regard croisant celui de la jeune femme, un frisson aussi bien doux qu'il n'en était glacial lui parcouru le corps.

Elle n'avait définitivement pas changé, ses cheveux toujours aussi blond et très légèrement bouclés, sa taille svelte comme dans ses souvenirs, comme il n'avait pas arrêté de l'imaginer. Elle était belle, comme dans ses souvenirs. Comme cette première et dernière nuit qu'ils avaient vécu tout les deux, trois ans auparavant. Tant de souvenirs qui, à cet instant alors que son regard se posait délicatement sur elle, revenaient à la surface comme des claques qu'ils recevaient en pleine figure. À cet instant, se demandait-il, pourquoi l'avait-il laissé partir ? Lucie Duchannes était sa meilleure amie, non, elle était bien plus que ça en fait, depuis le premier jour qu'il avait posé son regard sur elle, il savait qu'elle ferait partie intégrante de sa vie, quoiqu'il arrive, dans les bons, comme dans les mauvais. Mais après trois ans d'absence, comment vouliez-vous qu'une relation reparte de plus belle. Ils avaient changé, tout les deux, ils avaient mûrit, prit des chemins différents. « Je te suis » sa douce voix, il l'aurait presque oublié, presque seulement. Même dans ses rêves il pouvait l'entendre, rire aux éclats. « Il n'y avait rien de grave ? À l'hôpital ? » Alors qu'ils s'en allaient en direction de la voiture qu'il avait garé non loin de là. Andréa tenant fermement la valise de la jeune femme, comme une façon pour lui de savoir qu'il était dans la réalité et que tout ceci n'était pas un rêve. L'emprise qu'il avait sur la poignée de sa pauvre valise était-elle qu'il pouvait l'entendre grincer sous la force qu'il y mettait. « Ton père devait faire quelques examens de routine. » Annonça-t-il d'une voix posée, comme pour rassurer la jeune femme. Depuis quelques mois déjà, monsieur Duchannes s'y rendait régulièrement, Andréa avait été présent soutenir la famille, tout comme ils l'avaient été lorsqu'il avait perdu son père plusieurs années auparavant.

Ne tardant pas à arriver à la voiture, en gentleman qu'il a toujours été, Andréa ouvrit la portière du côté passager afin de la laisser passer. « Tu veux que je t'emmène directement à l'hôpital ou tu préférerais que je te dépose chez toi. » Chez elle ou chez eux ? Chez lui ? Timidement, et une fois de plus, leurs regards se croisaient, alors qu'elle avait machinalement posé sa main sur la portière, un nouveau contact se fit, avant qu'il ne retire tout aussi rapidement la sienne de la chaleur que dégageait celle de Lucie. « Je... » D'un murmure à peine audible, Andréa se recula à une distance qu'il jugeait nécessaire. « Le... le vol... il a dût t'épuiser. » Essayant tant bien que mal d'articuler, comment voulez-vous que ces deux là puissent reprendre ou même puisse apprendre à se redécouvrir ?